Emplois d'avenir « professeur »... ou professeurs sans avenir ?

Article du bulletin du 19.10.12 des militantEs du secteur éducation du NPA

Les emplois d’avenir sont le nouveau projet de contrats spécifiques pour la jeunesse présenté par le gouvernement PS. L’argumentaire du gouvernement est celui habituellement utilisé par les penseurs libéraux, à savoir que le chômage viendrait d’une mauvaise formation, d’un manque d’expérience, voire d’un manque de volonté (et non de la conjoncture économique ou des licenciements massifs). Ainsi la nécessité de «_remettre en selle_» la main-d'oeuvre par des dispositifs spéciaux permet en réalité de fractionner le droit du travail et de subventionner
indirectement les entreprises.
Une sous-branche spécifique à l'Education nationale, les «_emplois d’avenir professeurs_» va créer un levier pour exploiter les boursierEs et les étudiantEs issus de zones urbaines sensibles, soit la population la plus précaire qui a le plus de mal à mener à bien ses études. C'est un pas de plus dans la précarisation des personnels de l’Education nationale. 150 000 emplois d’avenir seront créés d’ici 2014, dont 18 000 emplois d’avenir professeur. Ce contrat spécifique, qui devrait être mis en place dès janvier 2013, vise à éponger les dégâts de la mastérisation. Le gouvernement ne veut pas abroger cette réforme qui a éloigné les jeunes des classes populaires des filières menant à l'enseignement et voulant compenser cette désaffection il crée en réalité un vivier de main-d'oeuvre très dépendante, puisque les boursierEs seront dépendantEs de l’Etat pour leur bourse et pour leur emploi. De plus, l’idée du «_donnant-donnant_» qui considère que les boursierEs doivent travailler, va à l’encontre de la notion de droit aux études et de tout ce que les syndicats étudiants ont pu développer comme revendications d’autonomie financière de droit. Ce contrat – de droit privé - prétend «_aider_» financièrement les étudiant-e-s qui ne peuvent aller jusqu’au Master pour passer les concours, mais empêche de poser la question de la revalorisation des bourses et de l’abrogation de la mastérisation. En présentant le projet comme un «_pré-recrutement_», le ministère oublie que ce type de mesure serait en réalité le recrutement d'étudiants-fonctionnaires, et pas un contrat
précaire de plus.

La rémunération, au SMIC horaire, sera cumulable avec les bourses, l’étudiantE pourra donc avoir deux bourses et une rémunération, pour un montant total de 900 euros (donc sous le seuil de pauvreté, car celui-ci est fixé pour une personne seule selon l’INSEE à 949 euros/mois.)._Ce contrat, de 1 à 3 ans renouvelable dans une limite maximum de 3 ans, sera réservé aux étudiantEs à partir de la 2e année de Licence, et âgéEs de 25 ans maximum. On peut imaginer qu’il s’agit de faire travailler en M2 les étudiantEs via les stages obligatoires dans l’Education nationale, dont l’Etat ne compte pas se priver..._Les bénéficiaires s’engagent à suivre une formation dans l’Enseignement supérieur et à se présenter à un concours de recrutement d’enseignantE de l’Education nationale, avec la signature d’un engagement entre l’étudiantE, l’employeur, et la fac. On ne sait pas encore quelles seraient les sanctions dans le cas où l’étudiantE ne suivrait pas cet engagement mais elles existeront bel et bien.
 
L’étudiantE est recrutéE par un établissement public local, et peut exercer ses fonctions dans cet établissement, dans un ou plusieurs autres. Le recrutement local va dans la logique de la destruction du service public national de l’éducation et concoure à l’inégalité entre les établissements. De plus, l’étudiantE étant recrutéE par le chef d’établissement, il/elle sera vulnérable aux rapports de domination et au chantage à l’emploi.

La durée hebdomadaire sera inférieure à la durée légale du temps de travail, dans la limite d’un plafond fixé par décret (le décret n’est pas encore paru)_; le ministère évoque 12h/semaine. Le contrat peut prévoir que la durée hebdomadaire variera sur tout ou partie de la période du contrat (super pour faire son planning de cours). La nature du travail pourra évoluer au cours des 3 ans_; d’abord des missions «_péri-éducatives _», de surveillance (pion_?) puis au fur et à mesure des «_fonctions pédagogiques_», de préparation de matériel pour les cours… (assistant pédagogique_?) avec un tuteur (dont on ne connait pas la rémunération) issu de l’établissement d’accueil ou de la fac d’origine. Il s’agit donc de requalifier des contrats sur des fonctions qui existent déjà._Le travail pourra également avoir lieu lors «_d’écoles ouvertes_» et de «_stages de remise à niveau_» c’est-à-dire hors des périodes scolaires.


Si vous avez lu jusqu'au bout... vous arriverez à la même conclusion que nous : ces nouveaux contrats précaires, on n'en veut pas ! L'Education nationale est d'ores et déjà le premier employeur national de précaires, alors ça suffit ! Aujourd’hui, nous exigeons un plan d’embauche de 100.000 personnels, qui compenseront les destructions d'emplois effectuées jsuqu'à présent, le retour des agents et personnels de service dans la fonction publique d’Etat, la titularisation de tous les précaires et l'abrogation de toutes les contre-réformes de la droite, notamment celle de la mastérisation.

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