Contre la réforme ferroviaire: réussir la grève du 12 décembre... et préparer la suite !

Jeudi 12 décembre, les cheminots sont appelés à faire grève contre la réforme ferroviaire. Cet appel est lancé dans l'unité (CGT, SUD-Rail et UNSA) et heureusement, après les journées dispersées et ratées du mois d'octobre... Surtout que le contexte politique n'est pas neutre: une contestation massive et radicale en Bretagne, un gouvernement fragile et impopulaire, et qui passe son temps à reculer devant le patronat... Au contraire, il est temps que ce soient les travailleurs qui le fassent reculer : pourquoi pas les cheminots ?!

En effet, les cheminots ont une bonne raison de se battre : la réforme ferroviaire préparée par Pépy et le gouvernement. Cette réforme poursuit un double objectif : avancer vers la privatisation des chemins de fer, et faire travailler les cheminots plus dur et plus longtemps.

Ils veulent éclater la SNCF en 3 entreprises différentes. Il y aurait d'un côté « SNCF Réseau » (ex-RFF) avec les 50 000 cheminots de l'aiguillage et de l'entretien des voies, qui regrouperait les activités non-rentables et les 34 milliards d'€ de dette (censés être remboursés à coup de suppressions de postes!). C'est donc un tiers des cheminots qui seraient expulsés de la SNCF, avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer sur la survie du Statut et de la Caisse de Prévoyance... Quant à la deuxième entreprise (« SNCF Mobilités»), elle regrouperait les 100 000 cheminots restants (commerciaux, conducteurs, contrôleurs...), et serait consacrée aux activités rentables. La 3e entreprise garderait le nom « SNCF », et servirait seulement à extraire quelques milliers de cadres de la SNCF pour les mettre dans une maison-mère, au-dessus des 2 filiales.

Ils veulent séparer les activités rentables et non-rentables pour préparer la privatisation morceau par morceau ! Et le pire, c'est qu'on connaît déjà les prochaines étapes : faire des économies de bout de chandelle quitte à prendre des risques sur la sécurité (malgré le drame de Brétigny), réorganiser en permanence et supprimer de plus en plus de postes, créer des filiales pour proposer le même service moins cher, lancer des appels d'offre région par

région et transférer le personnel SNCF à l'entreprise qui aura proposé les tarifs les plus bas... Bref, la mise à mort du service public ferroviaire.

Et le deuxième objectif de cette réforme est encore plus violent : nous faire travailler plus dur et plus longtemps. Pépy, le gouvernement et les patrons du privé ont le même but : baisser le « cout du travail » des cheminots. Comme si on était payé trop cher ou qu'on ne travaillait pas assez ! Résultat : ils veulent remplacer la réglementation du travail SNCF (le RH077) par une convention collective au rabais, où les horaires de travail seraient encore plus flexibles, où on aurait moins de dimanches non- travaillés, où on travaillerait entre 10 et 15 jours de plus chaque année... tout ça pour le même salaire !

Les prochaines semaines vont être décisives : des négociations vont commencer entre l'Etat, Pépy, et les organisations syndicales, à la fois sur l'éclatement en trois de l'entreprise et sur la future convention collective. Les cheminots doivent prendre cette question au sérieux et y mettre leur grain de sel : il faut éviter que ces négociations se fassent discrètement et « à froid », car négocier sans rapport de force, c'est négocier des reculs ! Ce qu'il faut, c'est que les directions syndicales rendent publiques ces négociations et y défendent un mandat clair (pas de division de la SNCF en 3, pas de convention collective en dessous du RH077) et que les cheminots les mettent sous pression avec une grève réussie le 12 décembre !

Il faudra de toute façon aller au delà d'une journée de grève réussie : ce qu'il faut préparer à partir de maintenant, c'est une grève reconductible ! C'est ce qui se discuterait en ce moment dans les organisations syndicales pour la fin janvier : à nous de les pousser dans cette direction, en étant plus d'un cheminot sur deux en grève le 12 décembre, et en organisant partout des Assemblées Générales pour discuter des suites !

(Cet édito a été publiée dans le bulletin de décembre).

Tags:

Comité: